SOLDATES DE L'OMBRE

Lumières dans l’ombre

Alors que l’été approche et que l’on commence à parler vacances, détente, soleil et moments en famille, il m’était impossible d’ouvrir ce nouveau numéro sans évoquer ce que nous traversons, nous, le peuple juif, depuis des mois.

Depuis le 7 octobre, puis avec les tensions récentes avec l’Iran, notre cœur est en Israël. Même lorsqu’on tente de reprendre une vie « normale », une partie de nous reste là-bas — dans la douleur, la prière, l’attente, la emounah.

Mais dans ce contexte difficile, j’ai voulu faire un choix : ne pas parler de la guerre en termes de chiffres ou de politique, mais à travers celles qui, dans le silence, dans la discrétion, mènent une autre forme de combat. Un combat de cœur.

Dans notre tradition, les femmes sont les actrices cachées de la délivrance.
Nos Sages enseignent :
בזכות נשים צדקניות נגאלו ישראל ממצרים, ובזכותן עתידין להיגאל”
« C’est par le mérite des femmes justes que les Bné Israël ont été délivrés d’Égypte, et c’est encore par leur mérite qu’ils seront délivrés à la fin des temps. »
(Midrash Rabbah, Shemot 1:12)

Et aujourd’hui encore, nous le voyons : derrière les uniformes, les drapeaux, les décisions stratégiques, il y a des femmes. Des femmes qui prient, qui cuisinent, qui rassemblent, qui soutiennent. Des femmes qui, sans faire de bruit, renforcent tout un peuple.

C’est donc avec beaucoup d’émotion et d’admiration que je vous invite à découvrir le parcours de trois femmes remarquables — Élodie, Ilana et Anael, fondatrices de l’initiative Les Soldats de l’Ombre.
À travers leur action, elles réchauffent les cœurs de ceux qui nous protègent, et illuminent, à leur manière, l’obscurité des temps.

👉 Entretien avec trois femmes de l’ombre, devenues lumière.

 

Dans une époque où tant de choses nous échappent, ces femmes nous rappellent que chacun peut agir à son niveau.
Par une marmite, un message, un geste, une prière — on peut réchauffer une âme, relever un soldat, renforcer un peuple.

Le combat d’Élodie, Ilana et Anael est celui du cœur, de la foi et de l’unité.
Et nous pouvons, nous aussi, en faire partie.

Pouvez-vous vous présenter chacune en quelques mots ?

Élodie : Je m’appelle Élodie, j’ai 29 ans, et je suis à l’initiative de l’association Les Soldats de l’Ombre.

Ilana : Je m’appelle Ilana Benitah, j’ai 31 ans, maman de trois enfants, également à l’initiative des Soldats de l’Ombre.

Anael : J’ai 33 ans et je fais partie du trio avec Élo et Ilana.

Qu’est-ce qui vous a réunies autour de cette cause ?

Élodie : Au début, j’étais toute seule.
Et après quelques semaines de guerre, j’ai rencontré Ilana.

Ilana : De mon côté aussi, je faisais tout toute seule depuis chez moi, car mon mari avait pas mal d’amis sur le front. Un jour, j’ai reçu une demande de 100 repas, alors j’ai intégré le groupe. Et c’est là que tout a commencé…

Élodie : On ne livre pas n’importe quelle base.
On livre uniquement les soldats qui n’ont rien, ceux qui mangent des manot krav, des boîtes de conserve… C’est à eux qu’on veut venir en aide.

Aujourd’hui, on est toutes les trois, chacune avec un rôle bien défini, et très complémentaires.

Le nom “Les Soldats de l’Ombre” – que représente-t-il pour vous ?

Le nom est né d’un moment très fort. La maman d’un soldat qu’on livrait depuis le tout premier Shabbat de la guerre m’a dit :
“Tu sais comment il vous appelle, mon fils ? Les Soldates de l’Ombre.”
Et là, j’ai su : c’était exactement ça. Ce qu’on faisait. Ce qu’on était.

On est dans l’ombre, mais on est très utiles pour leur moral.
Un repas chaud, préparé avec amour par des femmes qui sont un peu comme leurs mamans, ça fait toute la différence.
Je sais que ça leur réchauffe le cœur, et que ça les aide psychologiquement dans cette guerre.

À quel moment avez-vous décidé de lancer cette initiative, et comment s’est-elle concrètement mise en place ?

C’est arrivé très vite, juste après l’attaque du 7 octobre.

Le 10 octobre 2023, on était tous chez nous, paralysés par les infos, les images, ce qu’on voyait. On se sentait inutiles.

Un jour, on m’a dit qu’une base avait besoin de sandwichs.
Alors je suis partie acheter du pain, de la charcuterie, et j’ai commencé à préparer.

La base m’a redemandé. Mon numéro a tourné. Une autre base a demandé… et c’est parti comme ça.

J’ai créé un groupe WhatsApp, au début avec mes amis et ma famille. Le groupe s’appelait :
“Préparer des repas pour les Hayalim”.

Et là, ça a pris : de 20 personnes, on est passés à plus de 400.
Tout le monde à Netanya avait envie d’aider. Chacun ajoutait autour de lui.
Et c’est comme ça qu’est née cette aventure. Elle s’est mise en place toute seule, naturellement.

Comment fonctionne concrètement l’organisation ? Qui fait quoi ?

Élodie : Moi, je m’occupe des femmes. Je parle avec elles, je les motive sur le groupe, je suis les repas et je les comptabilise.

Anael : Je gère la partie hayalim. Je trie les demandes, je coordonne les livreurs qui partent du nord au sud pour les livrer chaque vendredi. Et je pars moi-même en livraison.

Ilana : Je m’occupe de la gestion financière et comptable. Je récolte les dons, les redistribue aux femmes qui en ont besoin pour cuisiner, et je cherche des partenaires pour financer nos opérations.

Comment se déroule une semaine typique de préparation et de livraison ? Quelle est votre logistique ?

Une semaine type commence par une demande d’une base.

On chiffre ce qu’il faut, puis on envoie un message sur le groupe WhatsApp :
“Les filles, on a besoin de tant de repas. Inscrivez-vous sur l’appli, notez le nombre de repas, les kilos de ‘halot, les desserts, le kiff que vous pouvez préparer.”

Nous, en coulisse, on suit et on comptabilise en temps réel.

Mais dans la semaine, il y a souvent des demandes imprévues.
Alors on relance sur le groupe, et les femmes répondent toujours présentes.

Le vendredi, c’est le grand moment.

Les femmes amènent leurs préparations au QG, ou bien des bénévoles de Netanya vont les récupérer chez celles qui n’ont pas de voiture.

C’est l’effervescence.
C’est le moment du dispatch : on répartit les repas en fonction des bases, du nombre de soldats, des besoins.

Des bénévoles nous aident sur place à trier, organiser, emballer.

Ensuite, les livreurs et livreuses partent sur les routes, du nord au sud, pour remettre en main propre un repas de Shabbat préparé avec amour.

On a beaucoup de femmes livreuses, qui n’ont pas peur de prendre la route chaque vendredi.

Comment cette aventure vous a-t-elle transformées ?

Élodie : Ça m’a profondément transformée.
C’est comme monter une boîte : il y a de tout. Du social, de la gestion, de l’humain.
Je suis très fière.
Ça m’a donné confiance et la certitude que tout est possible.

Anael : Tout cela m’a montré la force de notre peuple.
Quand nous sommes unis, nous sommes plus forts, et capables de faire encore plus grand.
L’unité et l’amour qui nous rassemblent chaque vendredi autour de nos hayalim sont le plus beau moment de ma semaine.

Ilana : Cette guerre m’a révélé le vrai visage du peuple juif : une solidarité et un amour incroyables pour notre terre et notre peuple.
Malgré les tragédies vécues, nous voyons les miracles d’Hachem et unissons nos forces pour soutenir nos soldats, qui se battent chaque jour pour nous.

Quelle est votre vision du rôle des femmes dans cette guerre ?

Faisons un retour dans le passé : c’est grâce aux femmes que nous sommes sortis d’Égypte.
Grâce à leur conviction, leur amour et leur soutien, les Bné Israël ont accompli un chemin extraordinaire.

Et aujourd’hui, je suis persuadée que nous avons, une fois encore, un rôle essentiel à jouer dans cette page de l’histoire.

Quel message de ‘hizouk et de tikva aimeriez-vous transmettre ?

Aujourd’hui encore, la force féminine est à l’œuvre.

Depuis plus d’un an et demi, des centaines de femmes préparent chaque semaine des dizaines, parfois des centaines de repas pour nos soldats.

Un noyau solide de 40 femmes est là depuis le début.
Elles ne conçoivent pas un Shabbat sans penser à ceux qui nous protègent.

Merci.
C’est grâce à elles qu’on tient.
Et on continuera, ensemble, jusqu’à la victoire.

Chaque semaine, je sais que les repas arriveront.
Même quand il faut insister un peu… elles sont là, avec le cœur, avec une force inébranlable.

Elles nous montrent ce que signifie vraiment s’unir, se soutenir, et avancer ensemble.
Que leur exemple nous donne à tous la force de continuer.

Comment les gens peuvent-ils contribuer ?

Par les dons.

Chaque semaine, on envoie un budget aux femmes pour qu’elles puissent cuisiner.

Certaines sont même “parrainées” par des donateurs.
Elles envoient leurs tickets, et on les rembourse.

Mais Les Soldats de l’Ombre, c’est bien plus que ça :
C’est des femmes qui cuisinent,
des maris qui les aident,
des livreurs et livreuses,
des bénévoles qui viennent chaque vendredi au QG,
et des donateurs qui rendent tout cela possible.

C’est une immense chaîne de solidarité.
Et chaque maillon est indispensable.

🎁 Pour les soutenir :
➡️ Faire un don, parrainer une cuisinière, contribuer à un repas de Shabbat.
📩 Contactez-les via Instagram : @lessoldatsdelombre
📱 Ou par WhatsApp : +972 [numéro à insérer ici]
💳 Dons en ligne : [Lien sécurisé à ajouter]

Parce que chaque plat livré est un acte d’amour.
Et parce que, comme l’ont dit nos Sages, par le mérite des femmes, viendra la délivrance.