A suivre …

Histoire à suivre … 23/10/2025 Nerveuse, je cliquai de nouveau sur le mail que je venais de recevoir et le lus à nouveau.   Objet : Offre d’emploi – Chef de projet Logiciel, Microsoft France Chère Madame Levy, Nous avons le plaisir de vous proposer de rejoindre Microsoft France en tant que chef de projet Logiciel. Ce que nous offrons : Salaire compétitif de 80 k + bonus annuel Projets cloud et IA utilisés par des millions d’utilisateurs Déplacements et conférences internationaux Vos missions : Piloter et diriger une équipe d’ingénieurs cloud Participer à des réunions et sprints parfois en soirée pour coordonner avec les équipes internationales Nous serions ravis de vous accueillir au sein de Microsoft France pour contribuer à des projets technologiques majeurs. Cordialement, Lucas Ricci Responsable Talent Acquisition – Microsoft France     L’excitation me traversa en même temps que la culpabilité. Je savais parfaitement que ce poste ne correspondait pas à la vie idéale d’une mère de famille religieuse, et pourtant… j’avais postulé de plein gré. Je clignai des yeux et me secouai légèrement, comme pour m’interdire de m’engourdir dans la rêverie de cet email. En réalité, c’était tout ce dont je rêvais, sauf les horaires et les voyages. Sans parler du fait d’intégrer une équipe majoritairement masculine et non juive, mais ça, je le savais déjà avant de postuler. Une vague de colère monta en moi. Depuis longtemps, je désirais un grand poste dans une boîte prestigieuse. J’aimais mon métier. Pourquoi était ce si compliqué ? Jusqu’ici, depuis la fin de mes études, je n’avais connu que des postes en full télétravail, ce qui m’avait permis de travailler tout en étant disponible pour mes deux petits garçons. Qu’ils me proposent ce poste malgré mon expérience limitée était une véritable aubaine ! Je transférai le mail à mon mari, en lui disant qu’on en discuterait ce soir, fermai l’ordinateur et partis récupérer les enfants à l’école. Dan, six ans, et Gabriel, trois ans, sautèrent tous deux dans mes bras dès qu’ils me virent. — Maman, j’ai faim, me dit Gabriel. — Le goûter est dans la voiture, les enfants chéris, venez. En rejoignant la voiture, je croisai Annaelle, ma plus proche amie depuis notre installation ici à Paris. Avec ses trois enfants en bas âge, elle était toujours en train de courir, mais toujours disponible pour m’écouter. — Il faut que je te raconte quelque chose ! dis-je, pressée. — Dis-moi tout ! s’exclama-t-elle avec un grand sourire. Annaelle, toujours bavarde, allait me tuer que je la laisse ainsi dans l’attente. — On s’appelle tout à l’heure, les enfants attendent leur goûter. — Comme ça tu me laisses dans le suspense ! Ok, ok, on s’appelle. Je la quittai, impatiente de lui parler de ma proposition. De retour à la maison, ce fut la course contre la montre jusqu’à l’heure du dodo, prévue à 19 h 30. Une fois les enfants au lit, épuisée, je m’affalai sur le canapé. Avigaïl, pensais je, en travaillant de la maison déjà c’est difficile… comment ferais-je si je devais me rendre dans un bureau à une heure de trajet ? Qui récupérerait les enfants à l’école ? Quand cuisinerais je leurs repas ? David, mon mari, m’avait proposé de travailler l’après-midi pour que je ne ressente pas de pression financière. Il enseignait le matin à l’école des garçons et étudiait l’après-midi. Mais la pression n’était pas le problème. Je désirais ce grand poste. J’avais cet orgueil : je savais que j’en étais capable et que je me sentirais plus accomplie là-bas, dans une entreprise prestigieuse, qu’en restant à la maison à limiter mon travail pour avoir du temps pour la maison et les enfants. Peut être que j’arriverais à tout concilier ?  Vie de famille, carrière, identité juive ?  La suite au prochain numéro…   Guila